Marie, l’émancipation par l’éducation
« Je m’appelle Marie, je suis la cadette d’une grande famille Peulh. J’ai 3 frères et 2 sœurs. Ma famille est originaire de Kiffa. Nous sommes arrivés à Nouakchott il y a une dizaine d’années. Mon père est commerçant. Il n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Il a travaillé très dur et a toujours souhaité que ses enfants aient une vie meilleure, c’est pourquoi il nous a incité à faire de longues études. Il nous a toujours traité à égalité mes frères, mes sœurs et moi.
A l’origine nous étions une famille très modeste mais, grâce aux efforts de mon père, mes frères et sœurs ont pu étudier et avoir de bonnes situations : médecin, ingénieur, etc. A présent ils envoient régulièrement de l’argent à la famille et notre situation s’est beaucoup améliorée. »
La réforme du bilinguisme français-arabe dans le système scolaire a été instaurée en 1999 en Mauritanie. A partir de la 3ème année du cycle fondamental les élèves reçoivent un enseignement en français des matières scientifiques tandis que les matières littéraires sont enseignées en arabe.
« Là d’où je viens l’éducation est un vrai problème et de nombreux jeunes sont déscolarisés. Dans les écoles publiques les structures ne sont pas adaptées et en raison du manque de professeur le niveau est souvent très faible ; C’est la raison pour laquelle mon niveau de français a toujours été mauvais.
En Mauritanie c’est pourtant une langue importante pour trouver du travail. Mon père a donc décidé de m’inscrire dans un lycée privé pour 2700 ouguiyas par mois (environ 65 euros). Ça représente beaucoup d’argent. J’ai obtenu mon Bac l’année dernière mais malgré ça mon niveau de français ne s’est pas amélioré. »
Selon une étude menée en 2014–2015 seulement 8 pourcents des élèves de 5ème année du cycle fondamental avaient les prérequis nécessaires en français et seulement 4 pourcents en ce qui concerne les deux langues.
« Un jour, en passant devant le CREL (Centre de Renforcement de l’Enseignement des Langues Vivantes), j’ai appris que UNICEF Mauritanie était à la recherche d’étudiants pour apprendre le français dans le cadre d’un projet innovant nommé Akelius. J’ai passé les sélections et j’ai ensuite pu intégrer la formation gratuitement. Là, j’ai tout de suite fait beaucoup de progrès !
Grâce aux tablettes — que j’utilisais pour la première fois — j’ai pu travailler à mon rythme et apprendre de façon ludique et interactive avec l’aide de mon professeur. Au terme des trois mois de formation j’ai passé un examen et le CREL m’a remis un certificat de réussite. »
Le projet Akelius vise à offrir aux élèves un cursus accéléré d’apprentissage du français. L’utilisation d’outils numériques spécialement adaptés à leur niveau leur permet de progresser rapidement sous la supervision d’un enseignant qualifié.
“La femme c’est la mère, la femme c’est la sœur, la femme c’est le tout…”
« Cette année j’ai décidé de m’inscrire au concours de santé dans le but de devenir infirmière. J’aime ce métier depuis mon enfance. Le concours est en arabe et en français mais à présent je suis confiante. Mon rêve serait de pouvoir partir vivre à Paris un jour.
Je me souviens qu’à l’école primaire ma maîtresse me répétait souvent que la femme représente plus de la moitié de la société (en arabe : المرأة تمثل أكثر من نصف المجتمع) : la femme c’est la mère, la femme c’est la sœur, la femme c’est le tout. C’est pourquoi un pays ne peut pas se développer s’il néglige l’éducation des femmes. C’est une question d’équilibre… »
Lancé en juin dernier par UNICEF Mauritanie ce programme innovant, financé par la fondation Akelius via le comité national UNICEF Suède, joue un rôle essentiel dans la poursuite des études et la recherche d’un premier emploi. Ainsi, ce programme contribue de façon significative et durable à l’autonomisation des jeunes filles en Mauritanie.
#PourChaqueEnfant, une éducation de qualité
📸 UNICEF Mauritanie/R.Pouget/2020